23 au 28 janvier


Nous ne perdons pas de temps pour reprendre la route en direction de Pondicherry. Nous replongeons dans le bruit, la saleté et l'agitation des villes indiennes accompagnés de deux co-stagiaires : Johnny le new-yorkais et Katja l'allemande. Johnny, un hippie de 40 ans au physique d'un Christ de 25 ans, a quitté l'Amérique à la recherche d'une nouvelle vie - à Bali peut-être – muni d'un petit sac à dos plus léger qu'un seul de nos duvets. Ce personnage atypique, en besoin constant d'attention, agit souvent en décalage avec ce qu'il prétend être. Malgré ce caractère, nous passons une agréable journée en sa compagnie au rythme lent des trains indiens.

Le Tamil Nadu, état pauvre entre le Kérala et le Golfe du Bengale, regorge de temples, les plus beaux de l'Inde. Deux grandes dynasties se sont succédées sur ces terres : les Pallavas rayonnèrent entre le VIe et le VIIIe siècle et les Cholas entre le VIIe et le XIIe siècles. La couleur de peau des indiens diffère ici, comme au Kérala, du Nord de l'Inde. La population autochtone de l'Inde, les dravidiens, s'est réfugiée dans ces régions du sud pour échapper à l'invasion aryenne de 1600 à 1000 avant Jésus-Christ. Malgré leurs origines communes, tout semble opposer le Kérala et le Tamil Nadu. Cette dernière accuse de grosses lacunes en terme d'éducation, maîtrise très mal l'anglais et la mendicité est omniprésente.

Madurai, la ville au Temple du lotus d'or, nous accueille pour notre première étape. Véritable ville dans la ville, ce temple dont la construction s'étend du VIIIe au XVIIe siècle, est le joyau de l'art dravidien. D'immenses cheminées aux milliers de dieux sculptés (multi)colorent le ciel. Le kitsch indien dans toute sa splendeur. L'enceinte renferme deux principaux temples dédiés à Shiva, le dieu destructeur, et à Meenakshi, incarnation de Parvati l'épouse de Shiva. Tous les soirs, une procession déplace la statue de Shiva jusqu'au temple de sa bien-aimée pour leur permettre de passer la nuit ensemble. Shiva est en effet un dieu très sexuel de la mythologie hindoue, souvent représenté sous la forme d'un linguam, son symbole phallique. C'est ici, dans la ville même où Gandhi avait renoncé à tout autre vêtement que le dhoti du pauvre, simple étoffe de coton, qu'est exposé son habit maculé de sang du jour de son assassinat.

Notre arrêt à Tanjore, 150 kilomètres au nord-est de Madurai, est bref, le temps de visiter un des somptueux temples vivants des Cholas. Au coucher du soleil, les pierres blondes illuminent la cour où se mêlent touristes et indiens parfois venus de loin pour vénérer l'impressionnant linguam protégé par un cobra royal à 5 têtes, attribut de Shiva. L'ocre des pierres, le rouge des dévots de Shiva, le blanc des colliers de fleurs se mêlent à l'arc-en-ciel des saris dans un festival de couleur. 
 
Pour clore ce chapitre des grandes dynasties du sud de l'Inde, nous nous rendons à Mahabalipuram. Ce petit village de tailleurs de pierres, situé entre Pondicherry et Madras, s'est installé entre le sable et la roche au bord du Golfe du Bengale. La civilisation des Pallavas a érigé un nombre surprenant des temples et de sculptures à même la roche ayant résisté aux 11 siècles d'embrun et d'érosion. Le tsunami de 2004 n'a pas endommagé de monument, il a même révélé les vestiges d'un autre temple.


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