11 au 23 février


Nous accueillons Jean-Louis et Christine, les parents de Mathieu, à la sortie de l'aéroport, à l'endroit même où notre aventure avait commencé 3 mois auparavant. Les petites déconvenues du voyages (changement de compagnie et non suivi des bagages) sont rapidement oubliées et laissent place aux premières surprises. Dans le taxi, de nombreux détails leur sautent aux yeux, autant de choses auxquelles nous nous sommes habituées. Nous nous sommes fixés un objectif : montrer les différents visages de l'Inde en essayant d'amortir le choc. La traversée du cœur du vieux Delhi annonce la couleur : les détritus et les ombres endormies sur les trottoirs ne sont plus simplement des mots inscrits dans notre blog mais bien une réalité. 
 
Après une courte nuit et un long briefing, nous nous jetons dans la gueule du tigre. Les 5 sens sont immédiatement submergés par la poussière, le bruit incessant, les odeurs fétides parfois mêlées à celles du curcuma, tous ces yeux noirs qui nous dévisagent, et la misère par dessus tout. Le choc est inévitable, il est viscéral. Nous nous revoyons en eux ; notre indifférence les surprend et la question se pose : cette adaptation a-t-elle laissée de côté une part d'humanité ou est-elle indispensable pour survivre dans de telles conditions ? Le premier visage de l'Inde que nous leur présentons est peut-être l'un des plus difficiles. Nous passons deux jours à leur montrer les principaux centres d'intérêt de la capitale. 
 
Chaque nouvelle destination leur est révélée au dernier par une charade. J'ai-pour. Confortablement installés dans la ville rose du Rajasthan, nous revisitons Jaipur et Amber avec autant de plaisir.

Fat-et-pour si-cri. Nous nous perdons dans les ruines de la plus belle ville fantôme de l'empire moghol, Fatehpur Sikri. Fondée au XVIe siècle par l'empereur Akbar, troisième de la dynastie des Grands moghols, cette cité de grès rouge combine à merveille les influences persanes, chrétiennes, musulmanes, turques, hindoue et même chinoise. Ce despote éclairé était très ouvert en matière de religion comme en témoigne son harem composé d'une musulmane turque, d'une hindoue et d'une chrétienne portugaise. 
 
Bas-rate-pour. Une halte au calme dans la nature s'impose. Nous partageons notre nouvelle passion des oiseaux dans la réserve naturelle de Bharatpur, l'une des plus riche en oiseaux migrateurs au monde. 
 
A-gras. Nous n'échappons pas à l'expérience du bus indien : saleté, puanteur, surpopulation mais ambiance bon-enfant. Agra est LA ville touristique par excellence. Derrière ses rues bondées, ses échoppes à arnaque et ses files interminables se dresse, majestueusement, un hymne à l'amour et à la mort, le Taj Mahal. Un peu plus loin, au bord de la Yamuna, le Fort Rouge édifié par l'empereur moghol Shah Jahan, offre une vue sur la tombe immaculée de son épouse, le mausolée le plus célèbre au monde.

Cajou-rat-eau. Le petit village de Khajuraho nous dévoile son trésor après une bonne nuit dans un train couchette. Ces temples hindous du Xe siècle, en forme de cheminé, sont incroyablement ouvragés. Sur chaque pan, des milliers de sculptures racontent des histoires, dépeignent des scènes de vie et vénèrent les grandes divinités du panthéon hindou. Les coquins que nous sommes s'attardent sur les sculptures érotiques nombreuses qui font la singularité du site.

Var-a-nazi. Le vol d'un sac pendant la nuit dans le train couchette nous oblige à nous rendre directement au poste de police. 4 heures plus tard nous en sortons enfin avec la déclaration de vol. Varanasi est la ville la plus sacrée de l'Inde. Plusieurs fois millénaires, elle s'enfonce dans le Gange dans l'effervescence des rituels religieux. Le matin, des milliers de pèlerins hindous descendent les ghâts pour se purifier de leurs pêchés dans l'eau sacrée du fleuve. Toute la journée sur les rives, les flammes des bûchers consument les cadavres sans relâche. Pour les hindous, mourir à Varanasi est un privilège car selon la mythologie, le dieu Shiva mettrait alors un terme au cycle de leur réincarnation. Le soir, tout le monde se rassemble pour le puja, la cérémonie des lumière orchestrée par des jeunes prêtres en l'honneur de la déesse Ganga. A toute heure de la journée règne ici une atmosphère à la fois mystique et déroutante pour nos représentations classiques de la vie et de la mort. En pénétrant dans le vieux quartier, on s'enfonce dans un dédale de ruelles plus bovines que piétonnes où l'activité principale est le commerce d'offrandes et de bondieuseries. 
 
Nous avons apprécié partager notre expérience de l'Inde pendant ces quelques jours bien remplis. Ce petit tour nous a aussi donné un nouvel élan, car dans 4 jours, nous nous envolons pour l'Asie du sud est.

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