Nous
reprenons LA route, seul axe « goudronné », traversant
le pays du nord au sud, construit par les français pendant le
protectorat. Celle-ci dessine de nombreux lacets (euphémisme) au
cœur des montagnes du nord du Laos. Nous parcourrons les 200 km qui
nous séparent de Luang Nam Tha en 9 heures, histoire de faire durer
le plaisir et d'arriver l'estomac purgé... La capitale de la
province du même nom s'étale sur 300 mètres le long de la route
menant aux frontières chinoise et birmane (Myanmar). L'endroit est
réputé pour ses départs de randonnées dans le parc national Nam
Ha à la rencontre de nombreuses ethnies qui peuplent les montagnes.
Nous
choisissons une petite agence familiale spécialisée dans
l'éco-tourisme. Ce concept, né en 1993, assure un partage équitable
du coût de la randonnée entre l'agence, le guide local, le parc
national et les minorités ethniques des villages traversés. En
conséquence, les prix proposés sont relativement élevés. En
échange de nos services de traduction en français et en espagnol,
Diem, le co-manager de l'agence nous accorde un rabais.
Accompagnés
par trois chinois de Shanghai, et deux guides locaux, nous nous
enfonçons dans la jungle. Après quelques heures de marches, un
pic-nique traditionnel et quelques énigmes posées par notre guide
Hmong, nous parvenons au village Akha de Ban Phouvan. Le refuge étant
en bout de village, nous ne pouvons donc, à notre grand regret,
interagir avec la communauté locale. Seuls les enfants, de nature
curieuse, viennent à notre rencontre. Le lendemain, sur le chemin du
retour, nous traversons les plantations chinoises d'arbre à
caoutchouc. Les peuples des montagnes n'ont souvent pas d'autre choix
que de brûler la forêt tropicale environnante pour cultiver le riz,
aliment de base de leur nourriture. Beaucoup plus rentables, les
arbres à caoutchouc remplacent rapidement les plants de riz. Cette
stratégie met en péril la survie à long terme des tribus qui se
nourrissent à 85% des ressources de la forêt.
Comme
prévu, nous passons deux journées entières à l'agence Into the
wild Laos pour traduire leur fascicule en français et en espagnol.
Une fois notre travail achevé, Diem nous annonce qu'un reportage sur
l'éco-tourisme par la télévision laotienne sera tournée pendant
une randonnée organisée par son agence. Il nous invite à y
participer gratuitement.
Nous
partons pour notre deuxième trek après avoir filmé quelques
séquences à l'agence de Luang Nam Tha. L'expérience est toute
autre. Notre guide, le grand frère et grand patron de Diem, prend
plaisir à nous expliquer certaines des nombreuses plantes que recèle
la jungle. Grâce au journaliste et à son équipe, nous avons cette
fois l'occasion d'aller à la rencontre et de découvrir la culture
Akha. Nous passons a soirée près du feu dans la maison du chef du
village à écouter ses récits et ses explications sur les coutumes
de son peuple. Installés par terre dans la pièce unique de la
maison, nous dormons avec les nombreux membres de la famille. La nuit
est courte, dès 4 heures les femmes se réveillent et s'activent
déjà à leurs tâches ménagères : nourrir le bétail, donner
le sein au bébé, préparer à manger, le tout dans un vacarme
surprenant. Nous profitons du calme de la matinée pour discuter et
observer la vie du village. Nous apprenons quelques rudiments de la
cuisine laotienne où l'on mange de tout ou presque et dégustons
notre repas à base de poissons grillés, de pousses de bambou, du
délicieux plat de fourmis rouges et de leurs larves. L'immersion est
totale.
Nous
quittons avec regret ce petit pays où nous avons été charmés par
la sincérité de son peuple si craintif au premier abord mais au
fond réellement touchant. Tout semble ici plus fragile qu'ailleurs.
Le Laos doit faire face à un tourisme chaque année plus important
tout en sauvegardant son identité, il doit également chercher à
protéger la nature tout en préservant les minorités ethniques.
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