21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28 avril


Nous reprenons LA route, seul axe « goudronné », traversant le pays du nord au sud, construit par les français pendant le protectorat. Celle-ci dessine de nombreux lacets (euphémisme) au cœur des montagnes du nord du Laos. Nous parcourrons les 200 km qui nous séparent de Luang Nam Tha en 9 heures, histoire de faire durer le plaisir et d'arriver l'estomac purgé... La capitale de la province du même nom s'étale sur 300 mètres le long de la route menant aux frontières chinoise et birmane (Myanmar). L'endroit est réputé pour ses départs de randonnées dans le parc national Nam Ha à la rencontre de nombreuses ethnies qui peuplent les montagnes. 
 
Nous choisissons une petite agence familiale spécialisée dans l'éco-tourisme. Ce concept, né en 1993, assure un partage équitable du coût de la randonnée entre l'agence, le guide local, le parc national et les minorités ethniques des villages traversés. En conséquence, les prix proposés sont relativement élevés. En échange de nos services de traduction en français et en espagnol, Diem, le co-manager de l'agence nous accorde un rabais. 
 
Accompagnés par trois chinois de Shanghai, et deux guides locaux, nous nous enfonçons dans la jungle. Après quelques heures de marches, un pic-nique traditionnel et quelques énigmes posées par notre guide Hmong, nous parvenons au village Akha de Ban Phouvan. Le refuge étant en bout de village, nous ne pouvons donc, à notre grand regret, interagir avec la communauté locale. Seuls les enfants, de nature curieuse, viennent à notre rencontre. Le lendemain, sur le chemin du retour, nous traversons les plantations chinoises d'arbre à caoutchouc. Les peuples des montagnes n'ont souvent pas d'autre choix que de brûler la forêt tropicale environnante pour cultiver le riz, aliment de base de leur nourriture. Beaucoup plus rentables, les arbres à caoutchouc remplacent rapidement les plants de riz. Cette stratégie met en péril la survie à long terme des tribus qui se nourrissent à 85% des ressources de la forêt. 
 
Comme prévu, nous passons deux journées entières à l'agence Into the wild Laos pour traduire leur fascicule en français et en espagnol. Une fois notre travail achevé, Diem nous annonce qu'un reportage sur l'éco-tourisme par la télévision laotienne sera tournée pendant une randonnée organisée par son agence. Il nous invite à y participer gratuitement.

Nous partons pour notre deuxième trek après avoir filmé quelques séquences à l'agence de Luang Nam Tha. L'expérience est toute autre. Notre guide, le grand frère et grand patron de Diem, prend plaisir à nous expliquer certaines des nombreuses plantes que recèle la jungle. Grâce au journaliste et à son équipe, nous avons cette fois l'occasion d'aller à la rencontre et de découvrir la culture Akha. Nous passons a soirée près du feu dans la maison du chef du village à écouter ses récits et ses explications sur les coutumes de son peuple. Installés par terre dans la pièce unique de la maison, nous dormons avec les nombreux membres de la famille. La nuit est courte, dès 4 heures les femmes se réveillent et s'activent déjà à leurs tâches ménagères : nourrir le bétail, donner le sein au bébé, préparer à manger, le tout dans un vacarme surprenant. Nous profitons du calme de la matinée pour discuter et observer la vie du village. Nous apprenons quelques rudiments de la cuisine laotienne où l'on mange de tout ou presque et dégustons notre repas à base de poissons grillés, de pousses de bambou, du délicieux plat de fourmis rouges et de leurs larves. L'immersion est totale. 
 
Nous quittons avec regret ce petit pays où nous avons été charmés par la sincérité de son peuple si craintif au premier abord mais au fond réellement touchant. Tout semble ici plus fragile qu'ailleurs. Le Laos doit faire face à un tourisme chaque année plus important tout en sauvegardant son identité, il doit également chercher à protéger la nature tout en préservant les minorités ethniques.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire