Le
commandant de bord nous annonce un atterrissage imminent sur
Vientiane. La taille des avions et du terminal nous rappelle
d'avantage un aérodrome qu'un aéroport international. Tout est dit.
Vientiane, capitale de la République Démocratique Populaire du Laos
ressemble à une grosse bourgade. Les rues sont désertes comme un
après-midi à Médine, seules quelques têtes blanches montrent leur
bout du nez rougi par un soleil de plomb. Le calme de cette ville
nous frappe. « L'avenue Lang Xang », équivalente des
Champs-Elysées parisiens, doit se contenter d'une circulation
réduite à une voiture par quart d'heure. Le passé sous protectorat
français a laissé de nombreuses traces visibles sur paysage urbain.
Toutes les administrations portent la nomination française, nous
nous promenons ainsi dans la « rue Khou Viang » pour y
trouver le « Bureau des Postes de la Province de Vientiane ».
Il n'est pas rare de rencontrer des locaux qui se plaisent à
échanger quelques mots dans la langue de Molière. Aujourd'hui, le
tigre thaïlandais, sur l'autre rive du Mékong, semble attendre le
moment propice pour ne faire qu'une bouchée du pays au million
d'éléphants, l'un des plus pauvre de la planète. Le système
communiste, qui a suivi le protectorat français peu intéressé par
cette partie de l'Indochine, n'a réussi en 30 ans de pouvoir qu'à
appauvrir encore plus le pays malgré une libéralisation
indispensable de l'économie. Ce petit pays fragile de 6 millions
d'habitants doit sa survie aux aides internationales.
Le
peuple Lao est formé de nombreuses ethnies vivants pour la plupart
dans des villages disséminés dans le pays. Le peuple Loum est le
plus important. C'est celui que l'on rencontre dans les villes et les
villages qui bordent le Mékong et les principaux fleuves. La
religion prédominante est le bouddhisme mais l'animisme reste encore
très présent dans les villages reculés. A Vientiane, le sourire
des laotiens n'est pas toujours facile à décrocher, ils paraissent
plutôt indifférents à notre présence. Pour la première fois en
six mois de voyage, il n'y a pas de différence entre les prix
annoncés aux touristes et ceux appliqués aux locaux.
Nous
nous trouvons ici à l'occasion du Nouvel An Lao qui est aussi la
fête de l'eau. Il est célébré de deux manières différentes :
la première, religieuse, consiste à asperger les statues de Bouddha
avec de l'eau bénite par les bonzes. La seconde, plus informelle,
prend la forme d'une bataille d'eau nationale. On se regroupe entre
amis au bord des routes et dans des pick-up dans une ambiance festive
et bon-enfant. Tout le monde à droit à son baquet d'eau sur la
tête, même les touristes. Rafraîchissement bienvenu par 40°C de
chaleur.
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