Jaisalmer, la ville la plus à l'ouest du Rajasthan, se situe à quelque 70 kilomètres de la frontière pakistanaise en plein milieu du désert du Thar. Cette situation géographique explique ses deux principales ressources : le tourisme et l'armée. La cité dorée, nom donné du fait de la couleur sable de ses pierre, est construite autour d'une forteresse du XIIe siècle. La vie est toujours très présente dans ce fort érigé par des barbares rajpoutes, les Marwaris, qui semaient la terreur dans les environs. Les antiquaires, marchands d'artisanat local et les hôtels se sont ajoutés au palais Marawari et temples jaïns pour peupler les ruelles étroites et entièrement piétonnes qui surplombent le reste de la ville. Les guerriers qui habitaient là jadis, avaient un code d'honneur à faire pâlir nos preux chevaliers d'Occident. Lorsqu'un combat était perdu d'avance, un rituel sacré s'engageait, le Jahor, où les épouses s'immolaient avant que leurs maris se lancent dans une attaque suicide appelée Chaka. Au pied de la forteresse, de riches marchands d'épices et d'opium ont fait construire à partir du XVIIIe siècle de magnifiques demeures, les havelis. Certains de ces petits palais, aux façades remarquablement ouvragées, sont restés intacts jusqu'à aujourd'hui. Au loin le désert s'étend à perte de vue.
Nous avions pris contact avec un couchsurfeur qui nous attend à la gare pour nous accompagner jusqu'à un hôtel de la catégorie « chic » du Guide du Routard. Nous nous sentons tout de suite mal à l'aise car ce n'est pas notre conception du couchsurfing. Devant notre gène, nos hôtes ne cessent de nous répéter de nous sentir chez nous et que nous n'aurons rien à payer. Le toit de l'hôtel nous offre une vue imprenable sur le coucher de soleil.
La principale attraction de Jaisalmer reste tout de même les safaris à dos de dromadaire. Nous choisissons l'agence de Monsieur Désert, l'icône de Jaisalmer. Grand rajpoute à la belle barbe noire touffue et aux yeux clairs et tendres, il figure sur la une d'un magazine de voyage, sur une affiche publicitaire de cigarettes, sur des cartes postales, etc. Après 45 minutes de Jeep sans porte ni ceinture, nous rejoignons les dromadaires. Nous avons la chance d'être seuls avec nos deux guides et 3 dromadaires. Le paysage ne ressemble pas au désert d'Arabie, ni à celui du Sahara. Nous traversons de grandes plaines semi-arides où quelques arbustes et plantes grasses ont trouvé leur place. Dans cette région, il n'y a eu aucune pluie entre 2000 et 2005, rendant de l'eau est plus précieuse que l'or et les diamants. Sans relâche, les villageois remplissent leur jarre au puits le plus proche pour subvenir aux besoins élémentaires. Malgré l'hostilité du milieu, nous sommes surpris par la diversité de la faune, notamment des oiseaux. Comme des mirages, des dunes de sable fin se dessinent et nous proposent de bivouaquer à la lumière du feu et des étoiles dans cette nuit de nouvelle lune. Il est difficile de décrire avec exactitude cette sensation de liberté éphémère que nous ressentons quand, seuls au monde, nous contemplons le mouvement des astres.