Jeudi 3 novembre


7 heures et 40 minutes de vol. Atterrissage en douceur pour un 747, malgré une légère odeur de pneu brûlé. « Welcome to New Delhi, the local time is 1:35, the temperature is 27 degrees Celsius, and the weather is misty, as usual. » (« Bienvenus à New Delhi, l'heure locale est 1 heure 35 du matin, la température est de 27 degrés Celsius, et le temps est brumeux, comme d'habitude. ») Le terminal 3 de l'aéroport Indira Gandhi de New Delhi, 8ème plus grand du monde, est flambant neuf depuis les jeux du Common Wealth 2010. Nous sommes accueillis par une série de mains géantes sculptées représentant les Mudras : positions des mains dans le yoga destinées à canaliser les énergies. Nous parvenons à franchir la douane sans encombre, premier contact avec le fonctionnariat indien. Devant le bureau de change, nous retrouvons un jeune étudiant indien de Glasgow qui nous avait conseillé sur les trains dans la file d'attente avant la douane. Désireux de nous aider dans nos premiers pas en Inde, il nous explique comment rejoindre New Delhi. Il nous commande un taxi pré-payé, appelle notre hôte, trouvé par couchsurfing, et le prévient de notre arrivée. Il est 2 heures 30 du matin.

Nous sortons à l'air libre : odeur saisissante de bois brûlé dans un nuage de poussière. A peine sortis de l'aéroport, un chauffeur de taxi nous tombe dessus pour  nous proposer ses services. Nous l'écartons, pensant qu'il s'agit d'une arnaque. Celui-ci nous assure être le chauffeur du taxi pré-payé, nous sort une carte ; le ton monte. Heureusement, notre étudiant bienveillant apparaît, lui parle en hindi, et nous accompagne au taxi, sorte de lingot noir et jaune sur roues.

Contrôle de police effectué, le petit chauffeur se lance à toute allure vers l'adresse indiquée. En Inde, théoriquement, on roule à gauche, on ne klaxonne pas, on double par la droite, on respecte les feux et les limitations de vitesse... Théoriquement ! Après avoir croisé auto-rickshaw, vélo-rickshaw (du japonais jin ricki sha : véhicule propulsé par l'homme), bus, tracteurs, tongas (carioles tirées par des chevaux) et piétons sur l'autoroute, après avoir remonté l'autoroute à contre-sens pour demander notre chemin à deux prostituées chinoises, le chauffeur appelle notre hôte qui vient nous récupérer. Chandan est en pijama. Etant donnée l'heure, les présentations sont rapides. On entre dans son appartement, au rez-de-chaussée. Un autre couchsurfer dort à même le sol en béton dans l'entrée-salon-salle à manger. Chandan nous invite à rejoindre son grand lit pour le reste de la nuit. La maison est rudimentaire et l'absence de vitre aux fenêtre laisse passer le bruit incessant de l'océan de voitures circulant sur l'autoroute à quelques mètres de là.

« Wake up guys, it's almost 1 o'clock! » (« Réveillez-vous, il est presque 1 heures de l'après-midi ! »). Chandan se tient debout devant la porte de la chambre, moustache, cheveux et yeux noirs, mince, jean's clair, chemise striée. Aimable, mais pas très souriant, il nous explique qu'il est sur la liste d'attente d'un train pour Ahmedabad, ville à l'est du pays, où il doit se rendre pour son travail. Il nous incite à nous dépêcher. Nous le suivons jusqu'à une petite échoppe pour acheter notre carte SIM de téléphone (numéro de téléphone : 00918130929235). Puis, nous attendons le bus qui n'arrivera jamais, donc Chandan interpelle un auto-rickshaw qui nous conduit jusqu'à la gare de New Delhi. Chandan descend avant pour se rendre à son travail.
Premier pas seuls dans la ville : Main Bazar Road, dans le quartier de Pahar Ganj. Nous remontons cette rue artérielle bondée. D'innombrables magasins de toutes sortes débordent sur le rue, les rickshaws essayent à tout prix de se frayer un chemin, des touristes occidentaux marchandent les souvenirs, des marchands ambulants déballent fruits et chaats (en-cas typiques cuisinés sur place). Un homme nous accoste, nous demande ce qu'on cherche, d'où on vient. Il ne nous lâche pas, nous indique un endroit où aller. A peine débarrassés qu'un autre arrive tenant le même discours. Très vite, nous nous apercevons que ces rabatteurs nous suivent de partout. Nous changeons un peu d'argent à Western Union, et nous dirigeons vers la gare. Là-bas, autre rabatteur, même problème : il nous dit travailler pour la gare, nous dirige vers le centre d'information international à deux kilomètres, accessible que par rickshaw. Nous déclinons sa proposition, et commençons le trajet à pied. Un coup d'oeil dans le Guide du Routard nous confirme la malveillance de cet homme : le bureau d'information se trouve dans la gare. Toujours suivis, mais cette fois sûrs de nous, nous faisons demi-tour.

La salle d'attente est pleine, tout le monde est assis sur une série de banquettes mises bout à bout parcourant la pièce. Les places libérées au comptoir de réservation ouvrent le bal : à tour de rôle, tout le monde se décale sur les banquettes qui constituent en fait la file d'attente. Nous achetons notre billet de train pour Jaipur, bien conseillés par le vendeur. Nous quitterons New Delhi le 9 à 6 heures 10 du matin pour rejoindre le Rajasthan.

Retour dans le bazar pour trouver un petit restaurant. Plus un seul rabatteur nous attrape, à croire qu'ils repèrent leur proie à leur allure novice et perdue. La nuit tombe sur New Delhi, mais le vacarme ne cesse pas pour autant. Nous optons pour une petite cantine indienne. Le serveur nous conseille hâtivement nos plats, préparés dans des grandes casseroles à l'entrée du restaurant donnant sur la rue. Le thali de Mathieu (plateau métallique compartimenté, rempli de riz, de dal (lentilles), d'un curry de légume et de curd (yaourt), servi traditionnellement à volonté) est bon, le riz d'Emi trop épicé. C'est donc Mathieu qui s'y colle et qui confirme que les épices coupent la faim. Nous discutons avec un jeune indien de 18 ans, futur médecin, qui s'intéresse à nous. Nous comprenons environ un mot sur trois de cet anglais parlé, mais le message passe.

Nous sautons dans le bus 894, sans trop savoir s'il nous mène où nous voulons. Mais le contrôleur demande à un passager de nous indiquer l'arrêt le plus proche de chez nous. Un, puis deux, puis une bonne partie du bus est au courant de notre destination, et chacun y met un peu du sien. Chandan nous a laissé les clefs de chez lui jusqu'à son retour, le 7. Une rapide douche au robinet d'eau froide nous permet d'évacuer la pression accumulée durant la journée. Nous tacherons de ne plus  nous laisser dépasser par les événements.

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