Il nous faut 5 bonnes heures de bus pour rejoindre Jodhpur, 150 kilomètres à l'ouest de Pushkar. Le premier long trajet en carlingue rouillée de notre périple indien s'avère épique. Nous traversons des villages reculés où les saris aux couleurs chaudes contrastent avec les plaines arides du Rajasthan. Aux vues des regards persistants dans notre direction et des longs discours qui s'engagent par la suite, nous devons être les premiers blancs à prendre cette ligne depuis longtemps. Nous semblons beaucoup amuser une homme dont le turban safran surmonte un visage mate, aux traits burinés par le soleil, décoré d'une belle moustache recourbée et grisonnante. Impossible pour nous d'échanger autrement que par des gestes, des regards et des éclats de rire. Le bus avance péniblement sur les routes ravagées et poussiéreuses. Jodhpur, la ville bleue, apparaît, sortie de nulle part.
Cette petite ville de près d'un million d'habitants est construites en trois parties autours d'un pic rocheux. En bas, les grandes avenues de la ville nouvelle sont surpeuplées, polluées, bruyantes et sales, comme très souvent en Inde. Puis la vieille ville grimpe à la colline jusqu'au pied de la superbe forteresse de Mehrangarh. C'est du haut de celle-ci que la couleur attribuée à Jodhpur prend tout son sens : nous dominons ce dédale de ruelles découpant de petits cubes bleus. Autrefois réservée aux maisons de la caste supérieure des brahmanes (équivalent du clergé), cette teinte a gagné le reste des habitations pour deux raisons : elle éloigne les insectes et conserve la fraîcheur, nécessaire dans la ville la plus ensoleillée d'Inde. Nous sommes fin novembre, il fait 35 degrés Celsius.
Nous rencontrons une population chaleureuse malgré une barrière de langue de plus en plus évidente. Les bambins, certains en guenilles, d'autres en tenue d'écolier, sont partout dans la rue et n'hésitent pas à nous accompagner quelques pas. « Hello ! Hav aye you ? What is name ?Where countri ? » (anglais approximatif signifiant « Salut ! Comment ça va ? Comment tu t'appelles ? D'où tu viens ?), tel est le refrain. Au détours d'une impasse, Raoul, 16 ans et gringalet, surveille les enfants de l'école de son père pendant le temps de midi. Il nous invite à entrer pour nous parler de sa culture. Nous pénétrons dans une grande pièce séparée en deux classes et le bureau du directeur. 30 élèves, 7 niveaux, 3 professeurs : anglais, hindi et gymnastique. Les cours démarrent à 7 heures et se terminent à 14 heures. L'école est gratuite et obligatoire pour tous mais les différences de qualité d'enseignement sont énormes. Encore une facette de l'Inde qui marche à plusieurs vitesses.
Merci de nous faire partager votre voyage. C'est un vrai plaisir de vous lire et d'admirer vos photos...
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